Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/20 
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     OEIL-DE-CHAT     
FEW II-1 cattus
OEIL-DE-CHAT, subst. masc.
[FEW II-1, 516b : cattus ; TLF XII, 421b : oeil-de-chat]

"Pierre chatoyante, corindon nacré" : ...une pierre appellée oeil de chat, ronde sur le blanc (Comptes Lille L., t.2, 1420, 254). ...ung anneau pour ung oeil de chat, et ung autre anneau pour une pierre d'azur (Comptes roi René A., t.1, 1452, 292). ...vingt autres anneaux dont il en y a qui sont garniz de pierres comme turquoises, yeulx de chas, camayeux de petite valleur (Invent. biens Ch. Savoie T., 1483, 442).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 2/20 
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     OEIL-DE-PERDRIX     
FEW VII oculus
OEIL-DE-PERDRIX, subst. masc.
[FEW VII, 317a : oculus ; TLF XII, 421b : oeil-de-perdrix]

"Pierre précieuse" : À Gabilleau, orfèvre, deux florins huit gros, en ung ducat, pour enchasser l'ueil de perdrix du roy, que l'argentier achata (Comptes roi René A., t.1, 1478, 339). À Anthoine de La Croix (...) pour une pierre fine enchassée en or semblablement à ung oeil de perdriz que le roy porte en son doy (Comptes roi René A., t.1, 1478, 341).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 3/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
 
 

-

[Organe de la vue (entre autres pour la vigilance, la surveillance...)]

 

-

Devant les yeux au devin rien ne peut être celé V. devin

 

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Les yeux sont faits pour regarder V. regarder

 

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Il faut être habile d'avoir un oeil au bois et l'autre vers la ville : Qui bien se veult garder De plusieurs passedrois, C'on ne le puist larder D'ung mauvaix havredois, Soit doulx, humble et courtoix Et sur tout bien habille D'avoir ung oeil au bois Et l'aultre vers la ville (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 43).

 

Rem. Hassell 179, O8.

 

.

Champs ont yeux et bois ont oreilles V. champ

 

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Les yeux doivent aller devant le pas : Amys, dist Renard ly houpis ["goupil"], Le juge sera mont hardis Qui jugera contre raison, Si com en escript le trouve on De Salomon, dire le veuil, Qui met et escript que li oeuil Doibvent aler devant le pas ; S'aultrement va, ne le plain pas, S'i lui vient une mescheance. Veez en ci la signifiance De ceste raison deviser (...) : Ly oeuil le conseil signifient, Et le pas signifie l'oeuvre. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 58).

 

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L'oeil du seigneur maintient l'hôtel. "La vigilance du maître est nécessaire dans sa maison" : Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel ; Oeuil de servant ne feroit autel. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

Rem. Hassell 180, O13 ; DI STEF. 603b, oeil.

 

-

[Rapports entre l'oeil et le coeur, en amour]

 

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Ce que l'oeil dépend en plaisir, le coeur l'achète cher : Ce que l'ueil despend en plaisir, Le cuer l'achete chierement, Et, quant vient a compte tenir, Raison, president sagement, Demande pourquoy et comment Est despendue la richesse Dont Amours deppart largement, Sans grant espargne de liesse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 173).

 

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De ce qu'oeil ne voit coeur ne deult/ ce qu'oeil ne voit coeur ne convoite : Regart si est trop perçant chose ; Toute plaisance y est enclose, Aussi y est tout le contraire, Si soubtillement scet-il traire, Car tous ceulx que Regart attaint, Soit pour bien ou pour mal, à teint Souvent leur fait muer couleur, Soit par joye, ou par douleur. Pour ce est voire ce qu'on dire seult : De ce qu'oeil ne voit, cuer ne deult. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 15). "Outre !" che dist Gaufer, "que jà Diex ne t'ament, Quant tu m'as tant blasmé villainement. Fax est et outrageus qu'autrui blasme reprent. Qui d'autrui voeilt mesdire, s'el die coiëment, Car che que eix ne voit, coers ne doelt né ne scent." (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 349). Or est assavoir que des autres portes la porte des yeulx est la plus perilleuse, car on dit que ce que yeulz ne voit, cuer ne convoicte. Si doit la bonne nonnain tenir ses yeulx baz et ne doit mie regarder afficheement chose qu'elle ne doye convoitier sanz pechié (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 401). ...celui qui est loing de l'ueil Est loing du cuer (...). Et on dit, nottez bien ce point, Qu'a l'ueil ne voit au cuer ne doelt. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 222). LA FEMME. Pour ce que mon mary est vieulx, Affin que mon amy ne voye, Je luy estoupperay les yeulx, Tendis qu'il s'en yra sa voye. Bien say qu'il n'auroit pas grant joye De le voir, et, pour tant qu'i puet Eviter le mal, je diroye : Ce qu'oeil ne voit au cuer ne duelt. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 42).

 

Rem. Morawski 1766 : Que ieus ne voit cuers ne deut ; Hassell 179, O9.

 

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La nature fait des yeux les messagers du coeur : Nature fait as oels cargier Que au coer soient messagier, Et li oyex moult souvent demonstre Avoec le sierure le plonstre ; Et chou k'est par dedens le cofre, Appiertement moult souvent s'offre ().

 

-

Là où est le coeur, là est l'oeil V. coeur

 

-

L'oeil est volontiers où amour est V. amour1

 

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Loin des yeux, loin du coeur : ...d'anter ses amis vault-on miex bien sovent. Qi eslonge des iex, on dist communalment, Il eslonge du cuer. Antise amour aprent. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 11). Et on dit, nottez bien ce point, Qu'a l'ueil ne voit au cuer ne doelt. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 222). ...et si dist on souvent que qui eslongue de lueil [l. l'ueil] il eslongue du cuer. (Gil. Tras. W., c.1450, 97). ...car l'en dist en ung proverbe : quy eslonge de l'ueil aussy fait il du cuer (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 152). "Par ma loy, mon bel amy !" dist Jason. "Qui de l'oeil eslonge, du cuer se recule. Mirro est clere comme l'or, mais Medee flamboye comme la pierre precieuse..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 200). ...car l'en dist en ung proverbe : quy eslonge de l'ueil aussy fait il du cuer (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 152).

 

Rem. Hassell 179, O12 ; DI STEF. 603a, oeil. Cf. aussi Morawski 1020 : Là où est l'amour si est l'oeil.

 

-

[Idée de menace]

 

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Le fou voit bien la petite bûchette en la face de son voisin, mais il ne se donne garde du grand tref qui lui pend à l'oeil V. fou

 

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Le sage dit que le pire ennemi est l'oeil : La quarte folie de Eve si fut du fol regard, quant elle regarda l'arbre et le fruit de vie que Dieux leur avoyt deffendu. (...) Car la saige dit que le pire ennemi set l'ueil, dont maintes ont esté deceues par faulx regars. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 86).

 

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Nul ne sait/ne voit ce qui à l'oeil lui pend : A son seigneur fait le subget injure ; Dieux n'est doubtez ; avarice et orgueil Regnent si fort que c'est male avanture, Et ne voi nulz ce qui lui pent a l'ueil. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 153). Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autruy, car nul ne scet qui ["ce qui"] à l'ueil lui pent, ne nul ne se doit esmerveillier ne esmaier des fortunes ne des tribulacions à soy ne à ses voysins (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 160). LE CONTREFAIT (au boiteux qui vient de lui offrir son aide.) Helas, doulx ami, se je sceusse Tant de bien, je vous merciasse Ou au moins d'argent vous paiasse, C'est au moins que je puisse faire. LE BOITEUX. Je vous en pry, vueillés vous taire ; Se que je fais est tout pour Dieux. Il n'est sy josne ne sy vieux Qui congnoisse qu'a l'ueyl ly pent. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 491).

 

Rem. Morawski 355 : Chascuns ne set qu'a l'oill li pent, 1411 : Nul ne set qu'a l'eul ly pent ; Hassell 180, O16 ; DI STEF. 601a, oeil.

 

-

L'oeil du seigneur maintient l'hôtel V. maintenir

 

-

L'or est de l'oeil le gracieux repas V. or1

 

-

Oeil pour oeil, dent pour dent : "Cil qui de glaive fait mourir, Et il doit de glaive perir", Et en celui lieu dit : "Je veul Dent pour dent perdre et eul pour eul". Se tel sentence est trop inique, Blasmés cil qui fist Levitique Qui telle en son livre la mist (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 145).

 

Rem. Latin : Oculum pro oculo, dentem pro dente restituet Lévitique, 24.20 ; Hassell 180, O14.

 

-

On doit mettre à son oeil l'herbe qu'on connaît V. herbe

 

-

Point ne se doit jouer l'âme à foi, à l'oeil et à la bonne fame V. jouer

 

-

[Souvenir de la sentence du psaume114-115 : (Oculos habent et non videbunt...)] Qui a l'oeil voie, oye qui a l'oreille : Qui a l'oeil voye, oye qui a oreille, Qui a cueur pense et qui a sens retiengne, Tousjours suis cy et tousjurs m'apareille En actendant qu'aulcun disciple viengne. Et si dy hault, affin qu'il m'en souviengne, Qu'il fait foleur qui mon conseil reffuse (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 171).

 

Rem. DI STEF. 603c, oeil et 619c, oreille.

 

-

[La beauté d'un organe n'est pas une garantie de qualité] Tel a beaux yeux qui ne voit goutte : L'AMANT. Tel a beaux yeux qui ne voit goutte. Je cuidoie estre son mignon Mais il me rejette et deboute Et me rue plus bas qu'en soute ; Ce n'est pas jeu de compaignon ; S'il a chasteau, tour ou pignon, Je y feray des assaulx hideux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 579). LE MOUTON (s'adressant au LOUP). Tel a beaux yeux qui ne voit goutte. Je te cuidoie estre un prophete, Quand premier vis, que peu j'agouste, Ton faulx samblant, qui me fit feste ; Mais tu es la malaitte beste, Le loup rioteux, faulx et fin. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 667). L'USURIER. Me convient il si tost morir ? Ce m'est grant peine et grevance ; Et ne me pourroit secourir Mon or, mon argent, ma chevance ? Je vois morir. La mort m'avance ; Mais il me desplait, somme toute. Qu'est de male acoustumance ? Tel a beaux yeux qui ne voit goute. (Danse macabre C., 1485, 32).

 

Rem. Morawski 621 : Du peit oill te garde, 2326 : Teux a beaux yeulx qui ne voit goutte ; Hassell 253, Y4. Cf. aussi : De mains se crieve on l'ueil que d'un chevron, 621 : Du petit oill te garde, 1491 : Len ne doit pas avoir les yeulx plus grans que le ventre, 1658 : Plus voit saiges à un oil que ne fet fous à deus, 2010 : Qui n'a q'un oill sovent le tert ("l'essuye, le nettoie").
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 4/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

Voir à l'oeil. "Voir de ses yeux" : Semblablement telz doubtes à ceulx qui les font par ce que à l'oeil ne voient les puet mettre en l'avuglement d'erreur par trop investiguer et vouloir enquerre (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 5/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

A. -

"Oeil, organe de la vue" : Mon Dieu, que ma teste est atonee Et les yeulx me deulent molt fort ! (Pass. Auv., 1477, 231). C'est la vertu du sang precieux De ce prophete glorïeux, Duquel j'ay sur mes yeulx touché. (Pass. Auv., 1477, 231).

B. -

[L'oeil dans ses différentes fonctions]

 

1.

[Fonction de perception]

 

-

Au fig. Ouvrir les yeux. "Se rendre compte, être attentif" : O Lucifer, ovre tes yeulx ! Jehan baptiste a nous seans Plus ne baptizera les gens Ne ne foschera [l. preschera] a la terre. (Pass. Auv., 1477, 113).

 

2.

[Fonction d'expression]

 

a)

[Manifestation d'une caractéristique physique]

 

-

[La beauté] : Elle en ressemble la mere, Et par Dieu je l'en aime mieulx. Mes arregardés quieulx doulx yeulx Et quel visacge femenin ! (Pass. Auv., 1477, 91).

 

-

[Un état physique] : Helas, que vous advés les yeulx Las et piteux, Moult fort lipeux ; - vous ne l'advés pas de nature. (Pass. Auv., 1477, 255).

 

b)

[Expression d'une caractéristique morale]

 

-

[La bonté] : Regarde moy [mon Dieu] de tes doulx yeulx ; Des angelz veulhes moy saisir. (Pass. Auv., 1477, 99). Il vous fault a terre donner, Mes premier je vous baiseré. Doulx yeulx, je vous veulx regarder. (Pass. Auv., 1477, 105).

 

-

[Un défaut] : Homme vicieulx, Il voulsit mieulx - pour ton profit Perdre tes yeulx Faulx, envieulx, - que croire au dit De ce mauldit dampné (Pass. Auv., 1477, 246).

 

c)

[Expression d'un sentiment] : Tout temps je seré doulereux Et peneux, Puis que vous ay pardu, m'amour. Fonteines feray de mes yeulx Fort piteux. (Pass. Auv., 1477, 104). Si n'ay respit De plourer, poucheré mes yeulx. (Pass. Auv., 1477, 109). Donnés des eaulx, Yeulx, en seaulx - en toute place. (Pass. Auv., 1477, 152). Doulz piés que portés si grant faiz, Et voz, jambes pleines de sueurs, Des eaulx de mes yeulx en douleurs Vous lavarey piteusement. (Pass. Auv., 1477, 152). Larmés, mes yeulx, fondés en pleurs ! (Pass. Auv., 1477, 197). Ma mere, refrenés voz yeulx ; Laissés ces lamentacïons ! (Pass. Auv., 1477, 257).

 

-

Lever les yeux : Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; DÉCT : ueil]

"Oeil"

 

-

À l'oeil. "De manière évidente" : Et ne pourroit estre par nature ne par art en cest monde cibas mouvement tant isnel qui ne fust pas tardif et plus lent plus de cent mille fois ou regart du mouvement du ciel que le plus tardif que l'en pourroit appercevoir a l'oeil ne seroit ou regart de celui. (ORESME, C.M., c.1377, 282).

 

-

Au plur. : Et du labour que l'en a en veoir est signe ce que l'en ne peut tenir les yeulx ouvers longuement sanz clignier. (ORESME, E.A.C., c.1370, 409).

 

.

[Sous la forme olz] : Et ou mouvement des gens ou des bestes chaleur est causee par les esperis corporelz qui sont chauz de leur nature et sont meuz lors par les membres, et aussi par la confricacion des parties du corps comme sont char et nerfz et olz et de celle qui est en l'isneleté du mouvement des esperis. (ORESME, C.M., c.1377, 438).

 

.

[Sous la forme ouilx] : ...une [cause] est l'excellence et la force de la lumiere du soleil qui grieve les ouilx et par ce les esperiz corporelz de l'instrument de nostre veue sont meuz et tournent, et pour ce il samble que le soleil tourne. (ORESME, C.M., c.1377, 450).

 

.

Prov. Oeil pour oeil et dent pour dent : ...et est comme se un homme avoit a un autre coupé le poing et l'en li coupast le sien, et oeil pour oeil et dent pour dent, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 291).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 7/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 310a : oculus]

A. -

"Oeil"

 

-

[Dans une formule de serment] Par les yeux Dieu : Et par les yeulx Dieu fera, Ou tu aras de ma connoille ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77).

 

-

[Dans une formule de menace]

 

.

Oster les yeux de la teste : Saiches bien que s'il n'y eust ame, Les yeulx te otasse de la teste ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 102).

 

.

Crever les yeux. V. crever

 

.

Sus l'oeil. "Sous peine de perdre la vue" : Ostez moy ce fol ; il enrage ! Gardez sus l'ueil que plus ne vive ; Par sentence diffinitive Ardez moy tous ces cristicoles, Fors ces .II. grans maistres d'escole, Les quelz faictes prendre et lïer (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 144).

 

.

Faire voler les yeux. V. voler

 

-

[L'examen de l'oeil permet de déterminer si une pers. est morte ou vivante] : Au moins a son oeil voys cognoistre Sil est mort ou vif par ma foy (Myst. st Martin K., a.1500, 343).

 

-

Saouler ses yeux de dormir. V. saouler "Dormir tout son soûl"

B. -

[L'oeil considéré dans ses différentes fonctions]

 

1.

[Fonction de perception]

 

a)

[Perception visuelle]

 

-

Voir aux yeux. "Voir de ses propres yeux" : Ce que vous avés aux yeulx veu, Vous n'avéz honnoré ne creu (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 43).

 

.

Voir à/de/devant ses yeux. "Voir de ses propres yeux" : A nous yeulx nous l'avons veü, Pour ce voulons qu'il soit sceü Partout qu'il est resuciter (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 265). YSAMBERT. Nous avons veu le roy des cieulx, Lequel est né nouvellement. GARNIER. Vous l'avez veu ? PELÏON. Devant nos yeulx, Croire le pouez hardiement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 268). Et si est si amy de Dieu Qu'il faict par luy de beaux sinacles Devant le peuple et miracles, Sourdz ouyr et muetz parler Et mortelz gens ressusciter Cecy ay je veu de mes yeux (Myst. st Martin K., a.1500, 293).

 

-

Avoir l'oeil au bois. V. bois

 

-

Avoir l'oeil de + inf. "Se préoccuper de" : En charité, las, ayez l'oeil De leur donner aucun confort (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 19).

 

-

Avoir les yeux bandés : Durant qu'on a les yeulx bandez Il y faict si bon sur le brun. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 24).

 

-

Ouvrir les yeux (à un aveugle). V. ouvrir

 

-

Malgré ses yeux. "Sans qu'il ait pu le voir" : SATHAN. C'est a dire qu'il [Jésus] est monté, Malgré nous et malgré noz yeulx, En hault, par dessus tous les cieulx, Pour gloire parfaicte acquerir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1034).

 

b)

P. ext. [De la compréhension spirituelle ou intellectuelle]

 

-

Avoir les yeux ouverts. "Avoir une parfaite connaissance des réalités spirituelles" : SERPENS. [à Adam et Ève] Il [Dieu] sçay bien, ce vous en guouttés, Les yeulx overz tantost avréz Et comme il est vous deux serés, Bien et mal saréz comme il fait (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 16). [Réf. à Gen. 3, 5]

 

-

Voir du guin de l'oeil. V. guin

 

2.

[Fonction d'expression]

 

-

Aimer qqn de bouche et d'yeux. V. bouche

 

-

Lever l'oeil. "Regarder avec assurance" : Les Anglois sont mors et noyez, Que rechappé ne n'est ung seul ; Et si sont si tres desavoyez Que nul d'eulx n'ose lever l'eul. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 478). Faire le devons de present, Qu'en la ville ne au devant N'est nul qui ose lever l'ueil, Tant soit seigneur petit ou grant, Mes sont trestous en tres grant dueil. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 635).

 

-

[De Dieu] Regarder (un mourant) de ses deux yeux. "Le regarder avec bienveillance" : O ! doulx Jesu-Crist, roy des cieulx, Regarde moy de tes deux yeulx, Car vecy la fin de ma vie. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 283).

 

-

[Les yeux, sources de larmes]

 

.

Pleurer des chauds yeux. "Pleurer à chaudes larmes" : Par Dieu, aucunes foys j'en plure Des chaus yeulx quant je m'en advise, [l. advise.] (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 225).

 

.

La larme m'en vient à l'oeil. V. larme

 

.

Les larmes me cheent des yeux. V. larme
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

"Oeil"

A. -

"Organe de la vue" : Mon seigneur, conme il a doulz oeil Et gracieux maintien en soy ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 267). O tu, chose parlant a moy, Di a ma dame que je vueil Tresvoulentiers perdre un mien oeil Pour li veoir. (Mir. emp. Julien, 1351, 218). Quant, Theodas, biaux doulx amis ? Aussi tost conme oeil euvre et clot (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 297).

 

-

À vue d'oeil : ...si tost que le verray [Valentin], Sachiez je le vous mousterray A veue d'oeil. (Mir. st Val., c.1367, 138).

 

-

Avoir l'oeil à qqc. "Prêter attention à qqc." : Or ne met pas en nonchaloir, Quant tu besoingnier me verras, De regarder con tu feras (...) : la t'entente Aies et l'ueil. (Mir. st Panth., 1364, 314).

 

-

Dormir de l'oeil : Pour Dieu, dame, que vous hastez, Car pour voir espouser vous vueil Ains que je dorme mais de l'ueil (Mir. nonne, 1345, 334). Si feray je, je vous affy, Ains que je dorme mais de l'ueil. (Mir. pape, 1346, 359).

 

-

Montrer qqn à l'oeil de qqn : Dy me voir (...) : Mon frére est il ceens entrez ? Sans ce qu'a l'ueil me soit moustrez Le te demant. (Mir. emper. Romme, 1369, 267).

 

-

Tourner son oeil devers qqn : ...plus saluer ne la vueil [Marie], Ne tourner devers li mon oeil. (Mir. nonne, 1345, 333).

 

-

Voir qqn à l'oeil : L'EMPERIÉRE. Venir voy la royne a l'ueil ; Alons contre lui : c'est ma mére. (Mir. st Sev., 1362, 224).

 

-

Voir qqc. de l'oeil : De vostre biauté me merveil, Car telle ne vi je mais d'oeil (Mir. st Ign., 1366, 103).

B. -

"Ouverture étroite d'un hanap" : Buvez : le hanap jusqu'a l'ueil (...) est plain. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 42).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 9/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ; FEW VII, 310a : oculus]

MÉD. "Oeil" : Et puis vient la tunique araignee qui nait de la retine, la ou appert la forme et la figure quant on regarde droittement l'oeul et fut devant la cristalline affin qu'elle ne fust blecee de l'umeur albuginee (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1).

 

-

Oeil du genou. "Rotule" : ...y est supposé ung os ront cartilagineux qui se appelle l'ueyl du genoil et selon aulcuns il se appelle la molle du genoil (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 4).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 10/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 310-313a : oculus]

A. -

Au propre. "Organe de la vue" : Les portes et les fenestres et verrieres sont les V sens corporelz, les yeulx, les oreilles, la bouche et autres. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Comme par exemple nous veons en ung miroir ou en [ung] oeil : se ilz sont chassieux de boue et d'ordure l'oyeil ne puet riens veoir, et ou mirouer on ne puet riens apparcevoir. (GERS., Trin., 1402, 153). ...nostre entendre et entendement comparé à celle lumiere a quelle nulle creature ne puet attaindre ne approcier beaucop moins que l'ueil de la chuette ou de la caudsoris au soleil, comme dist le philosophe Aristote (Somme abr., c.1477-1481, 133). Cestui predist la venue d'aucuns monstres, comme ung veau à trois testes, ung poussin à IIII piez, ung enfant d'une chambriere né à IIII piez et IIII yeux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°). Fut celui qui deffendit l'usage du pavot, en tant que touche les maladies qui peust venir aux yeux et aux oreilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 r°). ...ung enfant sans yeulx ne mains ne piez et lequel de la sainture en bas estoit poisson (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°). ...et de l'eaue qui en yssit [d'un bloc de glace portant l'image de la croix], après qu'elle fut fondue, en fut lavé les yeux d'un religieux aveugle et incontinent lui fut rendue la veue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°).

 

-

[P. oppos. à oeil espirituel] Oeil corporel : ...qui pourroit regarder des yeulz corporelz dedans l'ame, bien sembleroit estrange chose et bien hydeuse, de pourmener ainsi ung mort ou sepulcre d'enfer ! (GERS., Purif., 1396-1397, 67). Nous scavons que une chose de petite congnoissance ne puet attaindre a ce que puet congnoistre la vertus, qui est de plus haulte congnoissance, comme l'oyeil corporel ne pourroit veoir ce que congnoist l'imaginacion par dedans, et l'imaginacion ne pourroit comprendre ce que je, Raison, congnois. (GERS., Trin., 1402, 158).

 

-

Crever les yeux : ...et les prebtres fist occire, synon Josedeph à qui il fist pardon, puis fist crever les yeux à Sedechyas et le fist mener en Babillone et laissa paisible Jeremie et Baruch, son notere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°). Cestui fut disciple de Platon et fut le cinquiesme phillozophe qui se creva les yeulx, pour mieulx sçavoir science par son entendement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 54 r°). ...lequel Juif il fist rançonner pour chacune de ses dens ravoir à cent mille royaulx d'argent, et, quant eut toute sa chevence, il lui fist crever les yex, copper la langue, puis tenailler, puis escarteller et pendre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

 

-

Loc.

 

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Avoir l'oeil à faire qqc. "Être vigilant, faire attention" : Et ad ce propox, puis XXX ans en ça, de bonne sounance, j'ay eu l'ueil à observer les nativités de plusieurs filz et filles et les ay notées, mais j'en voy et ay veu advenir d'iceulx selon la disposicion celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 53 v°).

 

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En un battre d'oeil. "En un clin d'oeil" : Et est tout compli, et tantost que l'evesque ou le prestre est desvestus de ses ornemens, visiblement la belle dame a toute sa belle compaignie se part en un batre d'eul (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 390). Lesquelles chambrieres en un batre d'oeil s'esvanouirent de la presence de tous les assistens, et tost apres aussi comme un ung moment elles revindrent. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 306). A ce respondent les folz astronomiens et dient que la constellacion et vertu des planetes a la nativite de aucun a sa puissance en un moment et en un batre d'oeil et en un point. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 613).

 

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Sans battre l'oeil ni encliner les oreilles. "Sans difficulté, sans tergiverser" : ...ta personne royalle (...) a tous conseilliers de non donner la matiere, non pas obscure mais bien clere, de faire un beau latin, c'est assavoir sans batre l'oeil ne encliner les oreilles de dire pure verite hardiement aussi et sans aucun regart, a la lectre, sans souspecon ne aucune palliacion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 344).

 

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Soi montrer à l'oeil. "Être visible" : ...parce qu'il l'ignore et aussi la bonté de l'arbre et les branches où il est cuilly et les profondes raisons de la fertillité dudict arbre et les grandes experiences, qui de jour en jour se pevent monstrer à l'ueil, et ainsi l'a volue faulsement, soubz une couverture de bigotterie, la nommer et appeller art divinatoire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

 

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Passer devant les yeux. "Passer sous les yeux ; avoir l'occasion de voir" : Toutes lesquelles choses sont trop puerilles à debatre, car s'il vouloient bien considerer et veoir ce que souvant leur passe devant les yeulx, ilz trouveroient que en la translacion de la saint Escripture y a plusieurs noms bien estranges qui sont demourez, puis en ebrieu, puis en grecq (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 7 r°).

 

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Voir à l'oeil. "Voir à l'oeil nu ; voir clairement" : "Nous veons a l'oeil que aucuns enfans et plusieurs bien aagiez et profés en saincte religion sont venus a celle ha[r]diesse et aussi acoustumee rebellion que ilz se lievent contre leurs souverains en tant que correction n'y a point d'audience ne de lieu..." (Horloge de sapience S., c.1389, 81). Et quer je n'ay icy a parler que de l'estat de noblesse ou de seignourie principalment, et nous veons a l'oeil les greifs et horribles maulx qui en viennent partout (GERS., Annonc., a.1400, 238).

 

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P. ell. Par un seul oeil. "D'un coup d'oeil ; en un instant" : Quartement tu congnoys par ung seul oeil le mouvement du temps passé, du present et du futur, sans toy mouvoir ; pourquoy ne pourra Dieu congnoistre toutes choses estre muables sans sa mutacion ? (GERS., Trin., 1402, 162).

 

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Voir de ses yeux : J'ay veu de mes yeux à Padue ung puis, lequel puis le vulgal tient que icelui de Ebano fist transporter de lieu en autre et est à present en place publique et est fait en maniere d'une cuve à baigner. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°).

 

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Frotter d'une plume les yeux de qqn. "Flatter qqn, l'aveugler" : "...Il semble", dist la chambriere Hardiesse, "que le roy et les princes du royaume de telz officiers et maistres de deniers soient enchantez qui seuffrent que leurs yeulx soient frotez d'une plume par telx officiers en tous temps, et en yver et en este, voire ou prejudice de la chose publique et de la royalle mageste..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 458).

 

Rem. Cf. DI STEF., 599c, s.v. oeil.

 

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Trainer la penne par l'oeil. V. penne1

 

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[Dans un cont. nég.] Pour/sur les yeux de la teste. "Pour rien au monde" : Et preschent a haulte voix qu'ilz sont tousjours tous prestz de rendre compte. Voire a qui ? A ceulx qui sont de leur mestier, qui ne les oseroient reprendre ne courroucier pour les yeulx de la teste ne les contreroler aussi ? Car en ce cas il se puet dire le proverbe : Tel my, tel ty. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 459). ...et apres lui [le sultan] les admiraulx qui sont parez chacun en son degre sans contrefaire sur les yeulz de la teste le noble et solennel habit du souldan. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 210).

 

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Adresser son oeil (à une femme). "La convoiter" : Garde bien, Beau Filz, que tu n'aproches a la porte de sa maison, et ne donne pas a autrui ta gloire, mais boy l'eauue de ta propre cisterne et te delicte en une joye amoreuse avec la fame de ta jeunesse, c'est assavoir avec ta tresamee compaigne et gracieuse espouse la royne, qui te soit tresamee. Ne a nulle autre tu n'adroisses ton oeil. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 160).

 

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(Garder qqc.) comme la pimpenelle/prunelle de l'oeil : Honoure Dieu tant come tu pourras, garde les commandemens de moy et de ma suer Verite, come la pimpenelle de ton oeil affin qu'il t'en souveigne, lye les en ton doy. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 160). "Beau Filz", dist la royne, "se de bon cuer et de fait tu soustiendras et relieveras les pauvres, soies certains que Dieu te soustiendra et multipliera ta gloire et te gardera comme la prunelle de l'oeil encontre tes ennemis..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 324).

 

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Jusques aux yeux. "Jusqu'au cou" : ...et [l'âme] voit les maulz qui toujours croissent, especiaument aujourdui, entre lesquelz elle est plongie jusques as ieux, et maugré lui faisant son pelerinage (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 301).

 

-

Prov.

 

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[P. réf. à Matth. VII, 3-5] Tref/festu de l'oeil. "Poutre/paille dans l'oeil" : Je vous requier et supplie une chose : vous qui, en nom du clergié, la vie dez chevaliers reprovés, jouxte lez paroles de l'Euvangile : "Ostés le trief de l'uyel dez clers, avant que vous efforciés d'oster le festu de l'ueil dez chevaliers". (Songe verg. S., t.1, 1378, 17).

 

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L'oeil du seigneur maintient l'hostel. "La vigilance du maître est nécessaire" : Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel ; Oeuil de servant ne feroit autel. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

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[P. réf. à Lév. XXIV, 20] Oeil pour oeil : ...que la sentence du Vieil Testament fust accomplye (...) qui dit : Dent pour dent, oeyl pour oeyl, et pie pour pie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 302).

B. -

P. anal.

 

-

L'oeil du monde. "Le Soleil" : Et pour ce saint Ambroise, en son Exameron, descript les vertus du soleil et dit ainsi le soleil "l'ueil du monde, la joye du jour, la beaulté du ciel..." (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 345). Le Soloil, tiercement, est tres merveillable pour sa luminosité incomparable, car il tout seul, comme fontaine de lumiere, enlumine le monde, le ciel et la Terre aussy bien dessus lui comme dessoubz. Et pour ce est il d'aucuns appellé l'ueil du monde. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 17).

 

-

[À propos de plumes d'oiseaux] "Ocelle" : Nous devons donc savoir que le paon est un tres bel oysel entre les autres et gracieux et net et aournez esmerveillablement de pluseurs belles plumes (...) ; et sy a la queue longue et toute plaine d'yeulx, en laquelle il se glorifie et se resjoist moult. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 752).

C. -

Au fig. [L'oeil en tant qu'instrument du jugement et de l'attention]

 

-

[P. oppos. à oeil corporel]

 

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Oeil espirituel : Et est encores tres plus grant miracle quant je en puis mesmes riens apparcevoir, nez mesmes en umbraige et en miroir, mais c'est par sa vertus et par sa lumiere qui raye et resplandit aucunement sur mes yeulz espirituelz, et sur toy, mon Ame, qui es le miroir et l'image pour congnoistre la Divinité. (GERS., Trin., 1402, 158). Car quant on s'efforce d'y entendre et que on tourne son oeil espirituel hors du miroir de l'ame, on ne voit riens, se non par especial miracle ou tres soudainement, comme est l'epartissement du tonnoirre. (GERS., Trin., 1402, 169).

 

.

Yeux de l'ame/yeux du coeur/yeux de la pensée/yeux de raison/... : "O tres doulx et tres begnin Saint Esperit (...), le vray et seul ami qui ne failliez au besoing, maintenent devant les yeulx de vostre misericorde, devant le throne de vostre haulte majesté, je fais ma complainte et ma querelle..." (GERS., Pent., p.1389, 74). O tu, aveugle charnalité, se tu pouoyes ouvrir les yeulz de ta pensee, et regarder en la lumiere de vraye foy le bien, le louyer, le royaume et la gloire en laquelle sont entrés saint Pierre et saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 491). Et se l'auctorité ne vous souffist, eslevez, je vous pry, les yeulz de vostre pensée et regardez en la lumiere de vraye foy la gloire des sains et sainctes desquelz nous feismes hyer solennité. (GERS., Déf., 1400, 219). Eslevons, nous, doncques maintenant les yeulz de noz ames, qui sont par dedans nous. Regardons en la clarté de vraye foy et creance les ames des trepassez qui sont en la prison de purgatoire, par especial celles de noz amis. (GERS., Déf., 1400, 226). Vray est que Raison n'estoit pas seule, ainsoys avoit pris avec elle Foy, la bonne crestienne, qui alumoit les yeulz de Raison et de l'Ame a mieulx congnoistre ce qui reluisoit ou miroir et en l'imaige de l'ame (GERS., Trin., 1402, 166). Ouvrez les yeulz maintenant de vostre cuer, et par le jour de vraye foy regardez cest enfant au jour d'uy nez : le veez vous ? Y pensez vous ? (GERS., Noël, p.1404, 295). Ainsy me sembloit parler Orgueil, quant je apparceu en tournant les yeulz de la pensee vers Male Voulenté que elle se muoyt en maintes guises (GERS., Noël, p.1404, 304).

 

Rem. Cf. Éd., 118 : «C'est un écho de la distinction psychologique habituelle au moyen âge entre oculus carnis, oculus rationis et oculus contemplationis» qui se transmet depuis Boèce et dont Hugues de Saint-Victor est le principal représentant.

 

-

Loc.

 

.

À yeux ouverts. "Attentivement" : Advisez, je vous supplie, a yeulz ouvers, regardez laquelle amour est plus desirable ou a eslire : celle de Dieu ou celle du monde (GERS., P. Paul, a.1394, 516).

 

.

Tourner les yeux à qqc. "Diriger son attention vers qqc. ; considérer qqc." : Que veult ce dire ? Il ne convient ja aler trop loing pour en avoir la response ; tournons les yeulx a nostre theume, regardons qu'il dit. Il dit que paix soit aux hommes ; mais ausquelz hommes ? (GERS., Noël, p.1404, 302).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 11/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

A. -

"Organe de la vue" : Incontinent fist argent transporter Pour a l'offrende devotement porter En plus belle ordre que l'on vit pieça d'oeil (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).

B. -

Au plur.

 

-

À mes yeux. "Selon moi, à mon avis" : SAINCT MARTIN. (...) Estre je vieulx Religïeux, Soit jeune ou vieulx, Laissant le monde Qui, a mes yeulx, N'est pas joyeux, Ains est ireux Et tout immunde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 365).

 

-

[Complétant un verbe de perception]

 

.

[Pour insister sur la véracité, en tant que témoin oculaire] De mes yeux : OFFICIAL. J'ay apperceu de mes deux yeulx, Ainsi qu'avez peu voir aussi, Le miracle tresglorïeux Que Dieu a fait en ce lieu cy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 553).

 

.

[Pour marquer de l'intérêt, de la bienveillance] Lancer ses yeux sur qqn. "Considérer qqn" : Vers le roy Charles (...) A joinctes mains (...), vindrent tous a confuge (...) : "Chief de corde, oste nous de discorde (...) ! Voy en pitié ces povres fugitifz Grans et petiz, miserables doubtifz Comme captifz, et de ta paix les laves ! Lance tes yeulx sur nobles et gentilz, Simples, subtilz, qui par quelque appatis D'aulcuns gratis, de leurs pars et pastis Sont tous fuytifz et n'ont vaillant deux raves..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 130).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 12/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

"Oeil, organe de la vue"

 

-

Au fig. : C'est a dire, mon ami : L'oeul du convoiteux est insaciable : il ne sera point saoulé en partie d'iniquité. (LA SALE, J.S., 1456, 23).

 

-

[Forme eul] : ...une maladie la print telle que a veue d'eul toute secchoit (LA SALE, J.S., 1456, 270).

 

-

Au plur. Yeu(l)x : ...les yeulx moult petis et enffossez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 149).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 13/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueilØ]

"Organe de la vue"

 

-

Au plur. Refover les yeux de qqn. V. refover
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 14/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

"Oeil" : ...il perchurent un gentil chevalier englois, qui n'avoit q'un oel, lequel on nonmoit mesire Thomas de Hollandes (FROISS., Chron. D., p.1400, 692).

[A1 humain a le soleil en l'oeil] ... : ...il est tous bas vespres, et si avons le solel en l'oel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 730).

[A1 humain a l'oeil à A2] "il l'observe" : Quant li Englois en veïrent le convenant, qui avoient l'ueil à lui, si en furent tout foursenet (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 105).

[A1 humain jette ses yeux et voit A2] : Li connestables de France... jète ses ieux et voit ces gens d'armes, banières et pennons, en une belle petite bataille (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 16).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 15/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 310a : oculus ; TLF XII, 416b : oeil]

A. -

Au propre "Organe de la vision"

 

1.

[L'oeil tel qu'il voit] : ...et tantost je vi Une clarté qui descendi Du ciel sus euz [sur Joseph, Marie et Jésus] soutainnement, Et avec ce un parlement Oui haut qui me fist lever Mon regart pour là regarder ; Mez la clarté me rabati Si mez iex que rien je ne vi. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 3582). De borgnes yeulz et traversains Ne puet estre regart bien sains. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11529).

 

-

Loc. verb.

 

-

Lever les yeux. "Regarder en l'air en direction de" : Mes tout ainsi comme levai Mes yex en haut et regardai, Une mont grant merveille vi (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 96).

 

-

Ouvrir ses yeux : Quant tiex paroles j'entendi J'ouvri .I. pou mes yex et vi Une main qui en haut tenoit Mon bourdon et le me tendoit. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10786).

 

-

Tourner les yeux qq. part. "Regarder en direction de" : Aussitost comme d'autre part Tournai mes yex et mon regart, Encore plus m'esmerveillai D'une chose que veüe ai. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 126).

 

2.

[L'oeil, tel qu'il est vu] : Les yex esrooulle comme .I. tor (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10471). SATAN. Or dirai quiex gens c'estoient Et quiex figures avoient. Li uns si estoient cornus, Les autres com sengliers dentus, Aus autres les yeux sailloient Et leurs [éd. Dont les] pruneles issoient [.] (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 2909). LE BOURREAU D'ENFER. ..."Vous, fils d'Envie Et fils du grant Tenebrifer, Le maleureus prince d'enfer, Aies memoire et bien penses Quë a juste cause pendes Par les yex qui onques maintien N'eurent a vëoir aucun bien !..." (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4626).

 

Rem. D'après Duval 2006, 129, note 1 « la pendaison par les yeux, rappelle le sens étymologique du péché d'envie », envier venant du latin invidere "regarder d'un mauvais oeil".

B. -

[Comme lieu du regard] S'absenter des yeux de qqn. "Fuir le regard de qqn" : Et pense selonc mon avis Que pour le miracle du vin, (...) s'en vout aler [Jésus] Et de leur iex soi absenter. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 4706).

 

-

[L'oeil dans son action et sa fonction de voir] Voir à l'oeil. "Voir de ses propres yeux" : Mes piez me portent où je veul, Eles ont, tu le vois à l'ueil. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11822). De ce quë as vëu a l'ueil Tant seulement parler te veil Selon que tu as demande. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10164).

 

Rem. Cf. FEW VII, 311a.

C. -

[L'oeil comme foyer de l'activité mentale]

 

1.

[Comme instrument d'observation] Avoir l'oeil sur./avoir l'oeil à./avoir son oeil vers. "Veiller à, être attentif à" : Je qui l'escherpe regardoie Et trestouzjours l'ueil i avoie, Vi goutes de sanc semees Dessur li et esbouciees (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3574). He douls fils, a toi parler veulh, Car a toi seul doi avoir l'ueilh. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6428). Tex choses fas pour ce que veul Que chascun ait vers moi son eul, Que soie dite sans pareil Et singuliere en apareil, Et qu'à moi nul ne soit onnis ; Quar de per et de compaignon Je n'ai cure en nulle saison (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7525).

 

Rem. Cf. FEW VII, 312a.

 

2.

[Dans une formule] Garder sur l'oeil que + subj. "Veiller, au péril de perdre la vue, à ce que" : « Certes, dist Grace, et je le veul Mes bien vous gardez sur l'eul Que ne contredïés jamais Mes biaus ouvrages ne mes fais » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2000).

 

3.

[Comme instrument de jugement] : MARIE À JOSEPH. Or doiz tu ci bien regarder Et de bon euil [var. de bon cuer, en ton cuer] considerer Que tel chose [le voyage à Bethléem] senefie Qui sanz mystere n'est mie. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1778).

 

-

Voir le fetu en l'oeil de qqn et ne pas voir dedans le sien un chevron : Qui est cil qui le festu voit En l'ueil son frere, et pas ne voit Dedens le sien un chevron grant (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 179). [Citation de la parabole évangélique de la paille et de la poutre, Matth. VII, 3-5]

D. -

P. métaph. [Comme instrument de l'âme, de la pensée] : Ouvrez .I. pou discretement Les yex de vostre entendement ! (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1704). Ces .III. [personnes de la Trinité] sont .I. Dieu seulement En unite conjoinctement Sans quelque rien devisee ; Mes l'ueil de bon entendement Y doit faire distinguement Quant la personne est nommee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10820). Diex le filz a pris livree De vermeil bien tainturee En son sanc et sa mort dure. Maniere de verdoiement Et dë .I. gay confortement A le Saint Esperit [éd. Esp(e)rit] sens fable : Il esclarsist l'entendement Et l'ueil de l'ame vraiement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10838).

 

Rem. Cf. FEW VII, 311a.
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 16/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[DÉCT : ueil ]

A. -

"Oeil (organe de la vision)" : ...le vent retourna si tres a point la pouldre que la pluspart il fist voler contre le visage et sur l'oeil de ce bon cordelier (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...perdu avoit un oeil en ung assault ou avec son prince s'estoit tresvaillamment porté. (C.N.N., c.1456-1467, 109).

 

-

En partic. "Organe qui produit les larmes" : ...a ces parolles, larmes en grand abundance saillirent de ses yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 141).

 

-

Aux yeux de qqn. "Sous son regard" : ...a ces motz [l'ivrogne] brandit son grand cousteau, et en fait monstre aux yeulx du pouvre [prieur], tout espoenté et assimply. (C.N.N., c.1456-1467, 62).

 

-

Avoir l'oeil à. "Regarder dans la direction de"

 

.

Avoir l'oeil à qqn : La dame, qui avoit l'oeil et l'oreille tousjours a son amy, l'entreoyt d'adventure (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

.

Avoir l'oeil vers qqc. : ...tousjours avoit l'oeil vers le chemin qu'il estoit venu. (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

-

Jeter l'oeil sur qqn/qqc. "Regarder" : ...[il] gette l'oeil de rechef sur ce dit mal, et ne se peut saouler de assez regarder. [Un médecin pendant l'examen du malade] (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...la seur de nostre gentilhomme, qui oyoit ce propos, jectoit l'oeil souvent et menu sur ce bergier (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

-

Jeter l'oeil après qqn/qqc. "Regarder" : ...ce bon laboureur gettoit ses yeulx de tous costez après son veau (C.N.N., c.1456-1467, 88).

 

-

Jeter ses yeux en haut. "Regarder vers le ciel" : ...le bon ermite gettoit ses yeulx en hault, joignoit les mains au ciel (C.N.N., c.1456-1467, 100).

 

-

Lever les yeux contre mont + subst. "Regarder en l'air en direction de qqn/qqc." : ...il fut bien joyeux de se trouver en ce beau lieu, et se garda bien de lever les yeulx contre mont le poirier (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

-

Regarder l'oeil sur qqn. "Lui jeter un regard" : La bonne damoiselle, qui tout ce sans mot dire regardoit, souvent regardoit l'oeil sur son varlet et sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

-

Prester ses yeux à qqn. "Lui jeter un regard" : ...quand il veoit son point, il prestoit ses yeulx a l'ostesse, sans espargner par dessoubs la table le gracieux jeu des piez (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

-

Virer l'oeil sur qqn. "Tourner les yeux vers lui" : ...comme monseigneur se retournoit, cuidant virer l'oeil sur la chambriere, il voit et congnoist que c'est madame (C.N.N., c.1456-1467, 76).

 

-

Voir qqn/qqc. à l'oeil. "Voir de ses propres yeux" : ...[le mari] par ung pertuis veoit a l'oeil la compaignie, dont il n'estoit pas trop content. (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...tout ce veoit a l'oeil son pouvre mary par une petite treille. Pensez s'il estoit a son aise ! (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

-

Voir à ses yeux que. "Voir de ses propres yeux que" : Monseigneur l'official, voyant a ses yeulx que tel estoit nostre curé qu'on luy baptisoit, luy fist les defenses, sur les peines du canon, que plus ne se desguisast en telle maniere qu'il avoit fait (C.N.N., c.1456-1467, 530).

 

-

Montrer qqn à l'oeil. "Le désigner du regard" : Et a celle fin (...) que vous ne disiez que je veille imposer a vostre fille blasme sans cause, je vous monstreray a l'oeil et au doy le ribauld qui ce deshonneur nous a fait (C.N.N., c.1456-1467, 382).

 

-

Faire petits yeux. "Avoir sommeil" : Chacun loa Dieu comme il savoit, faisans trespetiz yeulx, et demandent le lit (C.N.N., c.1456-1467, 65).

 

-

[Phraséologie courtoise] : ...comme il est de coustume, les yeulx d'elle, archiers du cueur, descocherent tant de fleches en la personne dudit bourgois que sans prochain remede son cas n'estoit pas maindre que mortel. (C.N.N., c.1456-1467, 23). Et adieu, ma dame ! Mes yeulx demandent leur tour d'audience, qui couppent a ma langue son parler. (C.N.N., c.1456-1467, 168).

 

-

P. méton. "La personne elle-même" : ...il n'estoit pas mains diligent de servir et complaire a son maistre (...) pour mieulx couvrir son fait et aveugler les jaloux yeulx de celuy qui pas tant ne se doubtoit qu'on luy en forgeoit bien la matere. (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

-

P. iron. Faire qqc. pour les beaux yeux de qqn. "Agir sans espérer obtenir un avantage de la personne" : ...il n'estoit pas homme qu'on deust aimer pour ses beaulx yeulx. [Il s'agit d'un lourdaud] (C.N.N., c.1456-1467, 132). ...je m'en doubtoie bien que j'estoie plus souvent visité pour l'amour de ma chambriere que pour mes beaulx yeulx. (C.N.N., c.1456-1467, 505).

B. -

Au fig. [Extension de la vision à la compréhension] : ...luy avoit jeunesse et crainte les yeulx si bandez que en rien il ne s'appercevoit du bien qu'on luy vouloit. (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...Amour, qui bande les yeulx de ses serviteurs, les bouscha si tresbien que la ou ilz cuidoient le plus secretement de leurs amoureux affaires conclure et deviser, chacun s'en parcevoit. (C.N.N., c.1456-1467, 163). ...la credence et feableté (...) luy avoient bandé et caché les yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

-

Voir qqc. à l'oeil. "Avoir une claire vision/compréhension de cette chose" : Le bon compaignon, jasoit ce qu'il fust fort courroucé et malmeu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort a l'oeil et le rebours de sa pensée, refraint son ire (C.N.N., c.1456-1467, 29). "...affin que vous voiez a l'oeil que je suis celuy qui veil emploier et corps et biens en vostre service, vous verrez comment je me conduiray en ceste besoigne..." (C.N.N., c.1456-1467, 294).

C. -

Au propre et au fig. [Concernant le fait de comprendre qqc. dont on constate visuellement l'existence] : ...par longue espace vous n'avez eu rapport ne nouvelle, chacun de sa partie, que par la relacion de voz yeulx, qui ne sont pas les plus eureux de faire les plus seurs jugemens, mesmes a ceulx qui sont tenuz en l'amoureux servage. (C.N.N., c.1456-1467, 165). ...luy vindrent faire rapport ses yeulx suspeçonneux que nostre gentil homme ne venoit en son hostel fors a l'occasion de sa femme, et que vrayement il en estoit amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 331). Pour Dieu, laissez en paix ceste noble fille, et mectez devant voz yeulx les grands dangiers ou vous boutez. (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

-

Voir à l'oeil que. "Constater clairement que" : Nous voyons a l'oeil que noz dames ne tiennent compte de nous (C.N.N., c.1456-1467, 363).

 

-

Se percevoir à l'oeil que. "Constater clairement que" : ...s'il n'eust eu les yeulx bandez et couvers, il povoit veoir apertement ce dont ung aultre a qui rien ne touchoit se perceut a l'oeil. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

-

Avoir l'oeil au vent. "Être à l'affût de rencontres ; ne pas avoir les yeux dans sa poche" : Ceste femme, qui belle, gente et gracieuse estoit ou temps qu'elle fut noeve, car el avoit l'oeil au vent, fut requise d'amours de pluseurs. (C.N.N., c.1456-1467, 327).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 17/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 310a : oculus ; TLF XII, 416b : oeil]

"Organe de la vue" : ...et n'a ycellui Blanchet que un oeil (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 80). ...elle avoit moult grant mal en sa teste, et que le servel de la teste li cheoit sur les yeulx, sur le nez et en la bouche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...par le moyen d'un corratier de chevaulx qui n'a que un euil, demourant oultre la porte Saint-Honoré (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 379).

 

-

À vue d'oeil

 

.

"En suivant du regard" : ...[ils] le poursuirent à veue de ouil puis ladite eglise de Saint-Eustace jusques à la porte de Montmartre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 465).

 

.

"De manière manifeste" : Ouyes lesqueles oppinions et veu ce present procès, ledit mons. le prevost le condempna ad ce, pourveu toutesvoyes que pour ce que il sambloit, à veue de ouil, que icelle Cordiere feust grosse d'enfant sentant, que elle feust visitée par les matrosnes. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 296).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 18/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; DÉCT : ueil]

[L'oeil, reflet de l'activité mentale]

 

-

Avoir l'oeil à. "Veiller à" : ...il [le duc de Bourgogne] savoit bien que elles [des Parisiennes] estoient de ceur et d'affection a ly et enclinees envers sa maison ; (...) il leur voult envoier a chescune une petite souvenance pour leur donner cause de plus encore parler que devant ; et en ce se monstra sage et de hault corrage, et que a toute faculté de gens avoit l'oeil la et quand il failloit. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 240).

 

-

Regarder qqn de bon oeil. "Considérer qqn de façon favorable ; avoir bonne opinion de qqn" : ...[le duc] moult avoit dilection audit Guillame et le regardoit de bon oeil. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 132).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 19/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 312 : oculus ; TLF XII, 416b : oeil/yeux]

A. -

"Ornement en forme d'oeil" : ...2 fermaulx d'or, l'un garny de perles, de grenaz, de saphirs et d'esmeraudes, l'autre à un oeil semé de perles, de rubis et d'esmeraudes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 306).

B. -

[L'oeil comme symbole de la vigilance]

 

-

Avoir l'oeil à/en qqc. "Veiller à qqc., avoir un soin attentif à qqc." : À ceste cause vous prions et néantmoins mandons que ayez bien l'oeil à noz matières de par de là, et que y besongniez vertueusement (Cartul. Laval B., t.3, c.1489, 359). Mon frere, au surplus, je vous prie que vous aiez l'ueil en mes affaires de delà et à oster la pillerie de mon royaume (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 301).

 

-

Avoir l'oeil à qqn. "Être attentif à qqn, veiller sur qqn" : ...[les capitaines et gens de nostre garde] font ce que leur commandons et riens plus, sans avoir l'ueil à autre que nous (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1485, 61).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 20/20 
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     OEIL     
FEW VII oculus
OEIL, subst. masc.
[T-L : ueil ; GDC : oil ; DÉCT : ueil ; FEW VII, 310a : oculus]

"Oeil" : ...Melusigne (...) enfanta un filz masle, qui fu de toutes figures bien formez, excepté qu'il ot le visage court et large au travers, et avoit un oeil rouge et l'autre pers. (ARRAS, c.1392-1393, 48). ...[Mélusine] ot un filz qui fu nommez Guyon, et fu moult bel enfant ; mais il ot un oeil plus hault que l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 78). Nul plus bel enfant ne povoit on veoir. Mais il n'apporta que un oeil sur terre ; mais il en veoit si cler qu'il veoit venir par mer les nefs, ou par terre autres choses, de trois veues, qui montent bien XXJ. lieus. (ARRAS, c.1392-1393, 80).

 

-

Voir qqc. à l'oeil. "Voir qqc. distinctement" : Le rampin qui les conduisoit se approucha de si prez qu'il les veoit a l'ueil. (ARRAS, c.1392-1393, 217).

 

-

Les larmes lui choient des yeux : ... les lermes lui cheoient des yeulx a si grans ruisseaulx que toute sa poittrine en estoit arrousee (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

-

Les yeux estincellent. V. estinceler

 

-

S'oster hors de devant les yeux de qqn. V. oster

 

-

Clore les yeux. V. clore

 

-

Lever l'oeil. V. lever
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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